Salut toi !
Cette semaine (ou le 14203ème jour de ma mission en orbite), j’ai eu un dilemme.
T’écrire une news bâclée, t’écrire une news complète (mais cramer une partie de mon énergie) ou ne pas t’envoyer de mail du tout.
A vrai dire, je ne sais pas vraiment si tu me lis ou pas. Et vu comme ça, tous les choix pourraient être valides. Mais j’aime me dire qu’au bout de cette chaine de pixels, il y a quelqu’un qui me lit, alors j’ai pris une quatrième voie : t’écrire aujourd’hui comme si j’écrivais un mail à un pote.
Je sais que ça fait deux semaines qu’on ne s’est pas parlé. J’ai mes raisons (des scanners de contrôle à passer, du taf à retrouver, une vie de famille… la vie, pas toujours celle que j’aurais voulu, mais la vie quand même), j’espère que tu comprendras.
Dans le feu de tout ça, j’ai lu des trucs sympas, vu des trucs sympas, me suis posé des tas de questions. Je peux essayer de relier les points pour toi, de te faire une cartographie de mes découvertes.
Une partie de mes obsessions du moment ne concerne absolument pas la tech, mais la nutrition. Pour des raisons de santé, plus que d’éthique, je pivote vers un régime végétarien. Ou disons ‘plant-based’1.
Ou disons… disons simplement qu’on se fout de l’étiquette qu’on met dessus et que je mange majoritairement « vert ».
Du coup, j’ai écouté pas mal de résumés de livres via Blinkist2 (un moyen de pas avoir à acheter une librairie complète et de me concentrer sur les infos importantes), j’ai regardé le documentaire The GameChangers3 sur Netflix (qui parle d’athlètes de haut niveau qui sont végétariens), relus quelques articles d’Alain Ducasse que j’avais mis de côté (et ré-écouté son passage dans le podcast Le Goût de M). De fil en aiguille, je me suis aussi mis à lire le manifeste Le Monde de la gastronomie face à l’urgence climatique4, qui est un excellent tableau des combats à mener (par tous les acteurs du monde de l’alimentation : consommateurs, producteurs, restaurateurs, bénévoles). Ça se lit très vite, je te le recommande.
Parenthèse. Je suis ravi de voir de plus en plus de petites éditions qui proposent à des tarifs abordables en version papier ou démat’ ce genre de « manifestes militants ». Il y a une sorte de printemps de ce genre de littérature que je trouve personnellement très chouette. Parenthèse fermée.
Autre parenthèse.
En lisant ce manifeste, deux choses me sont revenu en tête.
Un, je vois de plus en plus sortir la notion de Green IT5, comme nouvel argument de vente pour des agences numériques.
Les activités numériques, c’est 5% du total des émissions mondiales. Si on creuse un peu, on s’aperçoit que dans ces 5%, 66% viennent des équipements utilisateurs (fabrication et utilisation) - source.
Deux. En l’espace de deux semaines, j’ai vu des news concernant un robot taxi, des robots serveurs6, des réveils connectés estampillés Nintendo7, etc… Mon Kindle Scribe d’il y a deux ans sera remplacé par un nouveau modèle dans 2 mois8. Mon Oura Ring a été remplacée par un nouveau modèle.
Les cycles de vie de produits se raccourcissent drastiquement. Le nombre de nouveaux produits tech chaque semaine augmente drastiquement.
Le problème n’est pas de faire des sites webs ou des apps plus “vertes”.
Excuse moi si je franchis la ligne jaune, mais c’est un énième bullshit marketing.
Le problème est le même que celui de la bouffe, le même d’ailleurs que celui de la mode ou de l’info. Le problème c’est la consommation, tant dans sa qualité que dans sa quantité. Le problème, c’est nos envies vs les leurs, et qui a vraiment le contrôle sur qui.
J’attends avec impatience que soit écrit le manifeste Le Monde de la tech face à l’urgence climatique.
Dans mes temps morts, j’ai aussi regardé quelques trucs. Le très beau Le Robot Sauvage au cinéma (parfait pont entre tech et écologie, parfaite fable sur les affres de la maternité), Beetlejuice Beetlejuice (pas aussi pire que ce que j’aurais cru), et des documentaires : Simone Rising (sur les dernières années de Simone Biles, et son parcours depuis son abandon aux JO de Tokyo), The Redeem Team (sur la Team USA en basket). Dans les deux cas, pas des docs exceptionnels, mais suffisamment bien faits pour s’y attarder.
Je sais, je regarde beaucoup de documentaires sur le sport. D’une certaine manière, j’y trouve une source d’inspiration, ou de motivation. J’essaye de comprendre l’état d’esprit. J’essaye de trouver une formule magique, quelques part entre les lignes. Un plan. Je te dirai si je trouve.
Je regarde aussi Tiny Beautiful Things.
Dans mes hobbies, il y a la photo. J’en prends de plus en plus.
Pas nécessairement des trucs spectaculaires, mais des moments, des détails.
En fait, prendre des photos et en train de devenir ma façon de tenir un journal (en tout cas, c’est ce qui s’en rapproche le plus).
J’utilise beaucoup mon CampSnap9 depuis que je l’ai. Je t’explique le principe. C’est un appareil numérique… sans réglages. Tu as deux filtres disponibles si tu veux (vintage ou noir et blanc), un viseur, un déclencheur et c’est tout. Pas d’écran. Pas de moyen de voir le résultat tant qu’on ne branche pas l’appareil à un ordi.
Ça change le rapport à la photo. Ça ramène à un autre truc, plus physique, plus conscient. Un peu comme quand on avait nos Kodak 24 poses, et peu de droit à l’erreur. Il faut se poser (il n’y a pas de stabilisateur). Il faut viser correctement. Il faut accepter qu’il y aura du déchet. Des moments qu’on aurait voulu prendre et qu’on n’aura pas, des photos qui seront juste des photos. Des trucs pas instagrammables.
Un peu comme les fruits ou les légumes non calibrés tu vois. Ces trucs un peu difformes, pas nécessairement sexy, mais tout aussi nutritifs.
Juste des photos. Des souvenirs.
Sur ce rapport à la photo, je suis aussi tombé sur un article du New Yorker qui parlait d’une nouvelle fonctionnalité de l’app de photo Halide10. Il ne s’agit pas d’une évolution, mais d’une “regression”. Halide a maintenant une option “Process Zero” qui supprime toutes les corrections, tous les filtres, tout les processings que peut faire le téléphone à l’image prise. Le résultat est une image plus conforme à ce que l’oeil perçoit au moment du cliché. Un truc là aussi plus roots. Plus authentique.
Plus “naturel”.
J’ai écouté quelques chouettes albums de jazz ces derniers temps. three of us are from Houston and Reuben is not de Walter Smith III, iiyo iiyo iiyo de Sam Wilkes, Solar Music (remixes) de Butcher Brown, An Ever Changing View de Matthew Halsall. Et puis Lore de Elder. Un peu de stoner, pour faire bonne mesure.
J’aime bien l’idée que cette newsletter est comme un album de jazz. Une improvisation maitrisée. Un thème que je peux répéter en boucle, en y apportant des variations. Des notes que je répète, des motifs à suivre. Des échos et des dissonances. Un truc parfois différent, parfois pas.
Je suis assez confortable avec ça.
On est dimanche. Comme je te le disais, je ne sais pas si tu me liras ou pas.
Si tu me lis, je me dis que tu auras d’autres choses à faire après. Un brunch. Une lessive. Un livre à lire. Un chien à promener. Des gosses à emmener quelque part.
Une vie qui doit reprendre son cours.
D’ici à notre prochaine rencontre, je te souhaite une bonne journée.
Profite de la vie, prend soin de toi, laisse les autres prendre soin de toi.
On se revoit bientôt.
😘❤️
Ou bien on te lira plus tard, un autre jour que dimanche... Et on ira aussi faire autre chose après, genre bosser. Et comme toi, aussi, chercher du taf, se questionner sur son assiette (plutôt en sens inverse pour moi en ce moment) et remonter la pente de l'énergie.
Je vais aller découvrir tes recos musicales !
Hello Sam! Je suis le gars lambda au bout de la chaîne de pixels qui prend toujours plaisir à te lire. Ma femme m’a fait découvrir Substack récemment mais à vrai dire c’est toi qui m’a donné l’envie de franchir le pas et de commencer à écrire. Aujourd’hui je voulais juste te dire merci pour ça!