Cette semaine : une avant-première !
Et aussi : rien d'autre, parce que tu vas pas en revenir
Hello à tous !
Je m’appelle Samuel Markiewicz, et tu lis Hello, Sam !
Une newsletter qui t’apprendra à devenir pongiste professionnel.
Non, en vrai, je n’aime pas trop le ping-pong, donc je parle surtout d’humains et de tech. Si malheureusement cette perspective te déçoit, tu peux facilement te désabonner ici.
Si tu es nouveau ici, bienvenue au club ❤️, et bonne lecture !
Salut toi !
Cette semaine, il faut que je te raconte un truc fou.
Si je t’ai pas parlé depuis un moment, c’est pas parce que j’avais la flemme ou rien à te raconter de particulier.
Non, c’est parce que j’étais tenu au secret.
Ouais ! Rien que ça.
Il y a quelques semaines j’ai reçu dans mes mails une invitation d’une startup prometteuse : Pa5t.
Le nom ne te dira rien, je sais, et c’est tout à fait normal.
De une parce que leur produit est en early-development, de deux parce que, concurrence oblige, il est hyper secret, et de trois parce qu’il est tout simplement révolutionnaire.
Et quand je te dis révolutionnaire, je te parle pas d’iA ou de voitures autonomes ou de robots chirurgiens. Nan, nan.
En fait c’est assez simple: j’ai pu tester en avant-première une nouvelle techno qui pourrait littéralement changer ta vie.
Nos vies.
Je te parle ni plus ni moins du tout premier prototype… d’une machine à remonter le temps.
Ok. Là, tu te marres.
Je comprends. Tu me crois pas.
Tu penses que je me fous de ta gueule.
Je réagirai de la même manière.
D’ailleurs, j’ai eu la même réaction quand j’ai vu le mail.
Je pensais que c’était une énième connerie de spam...
Mais laisse moi te raconter ce voyage, tu veux bien ?
Il y a deux semaines donc, je suis parti (et je veux pas me la raconter) pour la Californie, dans un endroit un peu à l’est de la Silicon Valley (pour l’endroit exact, tu connais le deal, je peux pas te le dire).
De l’extérieur, les locaux de Pa5t ressemblent à n’importe quel bâtiment industriel moderne. Le genre de truc que tu as l’habitude de voir sur The Verge ou TechCrunch.
Nous sommes une dizaine, de nationalités différentes. Anglophones. Même si je te cache pas que mon anglais est quand même rouillé depuis pas mal de temps.
Je te passe les deux premiers jours de présentation.
Je vais plutôt me focaliser sur ce que tu attends le plus : la machine.
Je m’attendais à voir quelque chose de spectaculaire. De vraiment futuriste. Le genre de machine à la Total Recall, tu vois. Le genre de machine tout droit sortie de nos imaginaires SF...
Et je me retrouve face à une cabine compacte, semblable à celles insonorisées que l’on trouve dans certains open-spaces. Majoritairement blanche, agrémentée de touches de bois ici et là, créant une atmosphère moderne et chaleureuse. Il y a un fauteuil, type fauteuil de gamer. Une tablette. Des tas de capteurs.
À l’arrière une extension d’où sortent des tas de câbles.
On me dit que c’est le coeur de la machine.
Ce qui permet de la faire tourner.
J’essaye de comprendre. Je voudrais comprendre.
Mais toute la techno est trop complexe pour moi.
Alors, le matos est sympa hein.
Un peu encombrant si on vit dans un petit 80m2, mais pour les personnes qui pourront se l’acheter, ça devrait pas être un problème.
Moi, je pense qu’au départ, ce sera surtout des grosses entreprises ou des millionnaires (voire des milliardaires) qui joueront avec.
Genre, pour piquer l’idée d’un concurrent ou pour gruger des élections. Des trucs tout con, tu vois.
Mais je suis convaincu qu’avec les progrès actuels, et les nouvelles ressources disponibles, d’ici 20 ans on devrait avoir un modèle low-cost.
Un Pa5t dans pas mal de foyers CSP+.
C’est l’heure de commencer la démo.
On m’installe dans la cabine, on me place quelques électrodes par-ci par-là. Un casque en plastique genre casque de protection pour skater et un protège-dents.
On me dit que ça peut secouer un peu.
J’ai une combinaison intégrale. Une jumpsuit, dans une matière waterproof.
Je demande pourquoi. On me dit que je ne tarderai pas à le découvrir.
Note pour toi: ça sent vachement bon dans la cabine.
Je saurais pas vraiment comment te le décrire, mais imagines toi un mélange de voiture neuve et de bois de santal.
On allume la petite tablette, et on me montre rapidement la marche à suivre pour rejoindre un point de mon choix dans le temps. L’interface est chouette. Ergonomique. Intuitive. Un cran au dessus de ce que pourrait proposer Apple si tu veux mon avis.
On peut choisir le lieu, on peut choisir la date.
On peut même sélectionner des événements « majeurs » de l’Histoire.
Alors. Deux trois consignes quand même (la base) : on ne drague pas sa mère jeune, on n’essaye pas de tuer Hitler juste pour voir ce qui se passerait, et on n’essaye pas d’aller se mettre une mine avec son « moi » adolescent.
Comme si, concrètement, j’en avais envie.
Les ingénieurs sont super sympas.
Des mecs cool en t-shirts baskets. Sourires *ultra-bright*.
Des mecs normaux qui pourraient être tes potes. Probablement du genre qui font du sport chaque jour, bouffent du quinoa et font des parties de Diablo 4 entre deux équations complexes.
Je demande quand même si il n’y a pas de risques, si le courant ne va pas se couper brutalement, ce genre de choses… on me dit que tout va bien, que ça a déjà été testé, re-testé, et qu’ils ont des supers infrastructures pour que ça tourne.
Oh, pas nécessairement vertes les infrastructures, hein, mais fiables.
Je te cache pas que j’ai la trouille.
Je me retrouve un peu comme un con devant la tablette, à ne pas trop savoir quoi faire.
Où je voudrais aller ? Qu’est ce que je pourrais faire ?
Est-ce que je n’ai pas pris un trop gros risque ?
Et... pourquoi moi ?
Merde Sam ! Une technologie à je ne sais combien de milliards, et tu ne sais pas quoi en faire ?
J’ai pris quelques inspirations. Calmé mon système nerveux en surchauffe. J’ai réfléchis. Et j’ai fait ce que tout être humain censé dans les mains duquel on aurait mis cette merveille aurait fait: je suis parti en 1990 acheter des jouets qu’on considère collector aujourd’hui.
Des Power Rangers. Des Tortues Ninja. Une Batmobile de la série animée.
Bon, oui, je les ai plus volé qu’acheté… mais j’avais pas la monnaie de l’époque (notez que c’est un problème majeur si vous voulez mon avis).
J’ai fait une razzia, et je suis revenu.
J’ai vomi.
Autant le départ se fait sans douleur (une sorte d’accélération brutale, et la sensation de faire un malaise), autant le retour vous tord littéralement les boyaux.
Je comprends la combinaison waterproof.
Je suis bluffé de voir que je peux voyager avec des objets.
Hyper enthousiasmé par ce premier saut !
Euphorique malgré mes intestins en vrac.
Je repars.
Cette fois, je fais des stocks de sauce McDo. Epoque Mulan, ma préférée.
Je re-revient.
Je re-vomi.
C’est cool, mais ça fait quand même un mal de chien.
Tout s’enchaine vite. Je retape une date. Un lieu.
J’essaye de chopper un T-Shirt « Giscard à la barre ».
Collector. De voir American Graffiti au cinéma. Pourquoi ça me passe par la tête ? Quelqu’un là-bas me dit que j’ai une dégaine bizarre, on me vire du cinéma.
Je m’enfuis.
Dans la panique, mon smartphone tombe de ma poche.
Merde ! Ils m’avaient prévenus de ne pas enlever la combinaison.
Ils m’avaient prévenus de tout laisser dans le casier.
Pourquoi ils n’ont pas vérifié ?
Je commence à fatiguer. Je crois que je saigne du nez.
Je re-re-reviens.
Troisième saut.
Mon estomac commence à s’y faire.
Je ne sais plus trop où je suis.
Je ne sais plus quelle date on est.
Pourquoi la tablette a changé d’aspect ?
Je suis prêt à repartir, je veux repartir.
Mais la démo se termine.
Au final, j’ai passé dix heures dans la cabine.
Ironiquement, je n’ai pas vu le temps passer.
On me fait sortir. On me donne de quoi me changer.
On me fait répondre à un questionnaire.
Est-ce que vous trouvez ça cool. Est-ce que vous trouvez ça utile. Est-ce que vous aimez la couleur de la cabine, la profondeur du fauteuil… Ce genre de détails.
À ce stade, je suis nauséeux.
L’euphorie du début a fait place à un état désagréable de fatigue, à des courbatures.
Je me demande si je dois mentionner que j’ai perdu mon smartphone.
On reste encore 48 heures là-bas, surtout pour subir batteries de test médicaux.
Et on est repartis.
—
Je suis de retour vers la maison.
Dans une autre merveille de technologie tellement banale qu’on a oublié qu’elle était merveilleuse : un avion.
On est en train de survoler l’Atlantique. Du moins si je me fie à la carte en face de moi.
Je jette un oeil par le hublot. Le ciel est dégagé.
En dessous il y a l’océan. Immense.
La lumière chaude d’un soleil couchant.
Le vrombissement des turbines.
Le chaos d’une classe éco.
Je me dis que c’est quand même super cette nouvelle techno.
Que ce que je viens de vivre est unique.
Je pense à tous les trucs cool qu’on pourra faire avec.
J’ai envie de hurler au monde, et toi le premier, à quel point ça va changer nos quotidiens !
Dans quelques jours, je pourrais le faire.
Dans quelques mois, années, on échangera nos expériences.
Franchement, qu’est ce qui pourrait arriver de mal ?
Tout le monde s’en servira pour des choses banales. Inoffensives.
Pour faire des choses bien.
Retourner dans le temps pour dire ce « Je t’aime » qu’on aurait aimé dire, à cette fille ou à ce mec.
Revoir un coucher de soleil en boucle.
Revivre son onzième anniversaire. Reboire du Tang.
Prévenir que le 11 septembre aura lieu.
Faire virer Zuckerberg de son campus.
Trafiquer le VISA d’Elon pour qu’il ne puisse jamais quitter l’Afrique du Sud.
Remettre les choses d’équerre, pour une fois.
A leur place.
Créer un meilleur futur, en corrigeant le passé.
Après tout, pourquoi les romans utopiques et leurs mises en garde devraient avoir raison ?
Je jette un oeil par le hublot.
Franchement...
Qu’est ce qui pourrait mal se passer ?
Voilà c’est fini pour cette semaine !
J’espère que tu trouveras ton bonheur dans tout ce bazar.
Comme à chaque fois, n’hésite pas à partager si le contenu t’as plu.
Tu peux aussi m’envoyer des recommandations ou réagir par mail, ici : hellosam@substack.com
En attendant la prochaine news, prends soin de toi, laisse les autres prendre soin de toi, et à bientôt !
😘❤️
Oh punaise mais je veux une suite moi à cette histoire !! Bon, j’ai du mal à te croire, mais je te crois presque sans trop y croire ! Si c’est vrai, je postule en tant qu’hôtesse d’accueil du temps 🙋🏼♀️
T'es VIP, Sam !